La redoute la « Poivrière » de Florenville
Temps modernes
La « Poivrière » de Florenville est exceptionnelle à plus d’un titre. Elle constitue un des très rares exemples de redoutes (postes de guet) conservées en élévation dans la région. Elle semble même être la seule toujours debout au bord de la Semois. Cette petite fortification a été bâtie entre 1706 et 1707, en même temps que 27 autres redoutes, comme le mentionne un mandement de Louis XIV conservé à Paris.
C’est une construction en moellons de calcaire, établie en contrebas du village et du promontoire portant l’église. Ces petits bâtiments, généralement de bois, de terre et de pierres, étaient des postes de guet, intégrés dans une ligne de fortification édifiée le long de cette rivière par Louis XIV.
La redoute, appelée aujourd’hui La Crainière ou La Poivrière, est implantée à proximité d’un ancien gué.
Le bâtiment, de plan rectangulaire, à deux niveaux, offre vers le nord-est une face semi-circulaire, percée d’une meurtrière surmontée, à l’étage, d’une large porte. La façade, à front de rue, montre au rez-de-chaussée deux paires de meurtrières qui devaient flanquer en symétrie deux portes d’accès. Ces deux entrées particulières sont caractéristiques de l’architecture militaire française des corps de garde. Le rez-de-chaussée comporte en effet deux locaux séparés par un mur où sont établis deux foyers adossés. La plus grande pièce abrite les soldats et la seconde sert de logement à l’officier de garde. A l’étage, deux fenêtres se superposent aux entrées. A gauche, deux fenêtres étagées récentes troublent la composition initiale ; celle du rez-de-chaussée a détruit une meurtrière. De même, une baie, ménagée entre les deux meurtrières médianes, abîme le verticalisme de l’ensemble. Dans un pignon, une porte charretière – actuellement rebouchée – a été pratiquée à un moment où la fonction agricole secondaire du bâtiment a détruit son caractère militaire. La façade arrière a gardé la distribution symétrique de ses ouvertures : les portes et meurtrières alternent en harmonie au rez-de-chaussée mais l’étage est aveugle. Une ample bâtière ardoisée à croupe arrondie coiffe le bâtiment.
L’architecture classique de cette redoute est tout à fait remarquable, si on la compare aux redoutes de terre et de bois comprises dans la même ligne de fortification sur la Semois. L’implantation à la sortie d’un bourg important, l’utilisation du corps de garde par une compagnie de fusiliers, contingent de l’armée régulière, expliquent le choix d’une architecture sortie tout droit du casernement classique.
Texte résumé par I. Tellier. Fiche 93.5. Photos : P. Gillet. Pour en savoir plus : MATTHYS A., 1981. La redoute de Florenville. In : LAMBERT G., dir., Archéologie entre Semois et Chiers, cat. expo. du Musée Gaumais, octobre à décembre 1991, Virton, Musson, Florenville, Crédit Communal, p. 257-261.
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Fait partie de La ligne défensive des redoutes sur la Semois.
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