Cette fortification se dresse sur une éminence à gauche de la route Bertrix-Mortehan et à mi-chemin entre les deux agglomérations. Le site forme un éperon, enserré dans le confluent de deux ruisseaux : à l’ouest, le ruisseau des Munos et au sud-est, celui des Morceux. L’ouvrage, protégé par des pentes abruptes, dessine un ovale dont l’intérieur s’étageait en plusieurs terrasses.

On distingue dans le « château des Fées » trois grandes périodes d’aménagement.

Les restes de l’entrée primitive et les rares vestiges d’une palissade témoignent d’une première fortification en bois (1). L’entrée, située au sud-est, était constituée d’un long couloir délimité par une double rangée de pieux verticaux soutenant une palissade de bois. Aucun document ni objet ne permet de dater son époque de construction.

Le site est enfermé ensuite dans une enceinte de pierres sèches qui emprunte le tracé primitif de la palissade. L’implantation de l’entrée est calquée sur le dispositif ancien et la nouvelle porte est protégée par deux massifs de pierres : le couloir de passage a été quelque peu élargi et aplani. La fortification reçoit, en son sommet, une tour de 7 m sur 7,50 m élevée en dalles de schiste, sans fondations (2). La présence de quelques tessons de céramique romaine retrouvés dans un foyer adossé au rempart daterait peut-être cette phase d’occupation des IIIe et IVe siècles.

Des traces d’occupation aux VIe et VIIe siècles – armes et perles mérovingiennes et un denier carolingien de Charles Le Simple (911-927) – attestent d’occupations épisodiques. Au Moyen Âge, le plateau supérieur fut aménagé en une plate-forme artificielle. La tour primitive servit de noyau à un vaste donjon de 13 m sur 18,50 m (3). Le rempart est consolidé et aligné sur le rocher retaillé. Ces travaux datent des XIe et XIIe siècles.

La fonction défensive de l’ouvrage est claire. La fortification occupe un site stratégique et contrôle une voie naturelle nord-sud. Elle domine la vallée et, du sommet, on surveille tant l’intérieur que l’extérieur de la fortification.

Texte résumé par I. Tellier.  Pour en savoir plus : MATTHYS A. et HOSSEY G., 1972. Le « Château des Fées » à Bertrix, refuge romain et médiéval, Bruxelles, (Archaeologia Belgica, 146).

Ce site a été entretenu par l’ASBL S.A.S. jusqu’en 2020.